Artichaut Noms communs: artichaut, cardon d'Espagne. Nom botanique : Cynara scolymus, famille des composées ou astéracées. Noms anglais : artichoke, globe artichoke. Parties utilisées : les feuilles et, parfois, le jus de la plante entière. Habitat et origine : originaire du bassin méditerranéen, cette plante vivace à grandes feuilles, proche du chardon, pousse dans des sols riches, sous des climats tempérés et chauds. Usage traditionnel Stimuler l'appétit, traiter les troubles digestifs et hépatiques. Traiter la gueule de bois.   Posologie Traditionnellement, les produits d'herboristerie à base d'artichaut se présentaient sous la forme de feuilles fraîches ou séchées, de jus de la plante entière ou de divers extraits liquides ou solides. De nos jours, on trouve dans le commerce des extraits normalisés à 5 % de cynarine et des extraits secs de feuilles offerts en comprimés ou en capsules, dont le taux d'extraction est de 4:1 (4 g de plante dans 1 g d’extrait) ou, plus souvent, de 12:1. Troubles digestifs (dyspepsie) • Extrait normalisé à 5 % de cynarine ou extrait 12 :1 (12 g de plante dans 1 g d’extrait). Prendre de 320 mg à 640 mg par jour, en une ou deux doses. • Feuilles séchées. Prendre 2 g, trois fois par jour. Prévoir jusqu’à six semaines avant que les effets du traitement se fassent pleinement sentir. Hypercholestérolémie • Extrait normalisé à 5 % de cynarine ou extrait 12:1 (12 g de plante dans 1 g d’extrait). Prendre de 1 800 mg à 3 600 mg, en deux ou trois doses par jour. Historique L'artichaut, tel qu'on le consomme à table, n'est en fait que le bouton floral de la plante : ces feuilles sont en réalité des « bractées ». Les véritables feuilles, celles qu'on emploie à des fins médicinales, poussent le long de la tige; elles sont également comestibles (blanchies ou cuites), mais on n'en trouve généralement pas dans le commerce. Ce légume est cultivé abondamment dans la région méditerranéenne, mais la Californie en a aussi fait, depuis près de 100 ans, une culture de choix. Au Québec, on en produit depuis peu. On sait, grâce à des représentations graphiques anciennes, que les Égyptiens cultivaient déjà l'artichaut dans la haute Antiquité. Les Grecs et les Romains l'ont importé et s'en sont servis pour favoriser la digestion et pour traiter les troubles hépatiques et rénaux. Dans la médecine traditionnelle européenne, les feuilles d'artichaut sont employées depuis longtemps, et encore aujourd'hui, pour stimuler l'activité rénale et la sécrétion biliaire. La plante entre dans la composition de nombreuses préparations traditionnelles destinées à stimuler la production de bile. On s'en est beaucoup servi pour préparer des boissons apéritives. Recherches On a commencé à étudier les effets médicinaux de cette plante au début du XXe siècle, lorsque des chercheurs français confirmèrent son action alléguée sur les reins et la vésicule biliaire. Vers le milieu du siècle, des Italiens isolèrent de la plante un composé qu'ils nommèrent cynarine. Cette dernière fut par la suite synthétisée et utilisée jusque dans les années 1980 pour stimuler le foie et la vésicule biliaire, de même que pour faire baisser les taux de cholestérol, pour être finalement remplacée par d'autres médicaments de synthèse. Plusieurs des essais mentionnés ci-dessous ont été effectués avec un extrait européen, le Hepar-SL®forte. Efficacité probable Troubles digestifs. La Commission E reconnaît l'usage des feuilles d'artichaut pour traiter la dyspepsie, un ensemble complexe de symptômes digestifs plus ou moins directement liés à des troubles non fonctionnels (c'est-à-dire sans lésion organique) du système hépato-biliaire. Jusqu'à récemment, à l'instar des herboristes, les médecins de formation classique soignaient généralement ces malaises à l'aide de substances amères, comme celles qu'on retrouve dans l'artichaut et le chardon-Marie. En Europe, ces plantes font partie de nombreuses préparations pharmaceutiques destinées au traitement de divers troubles d'origine hépatique et biliaire. L'artichaut a la propriété de faire augmenter la production de bile1. On attribue généralement cet effet aux flavonoïdes que renferme la plante et à leurs métabolites 2,3. En 1997, on a publié un résumé de diverses études de pharmacovigilance (voir note ci-dessous) ayant porté sur plus de 1 000 personnes suivies durant quatre à six semaines. Les résultats ont permis d'observer que le traitement aux feuilles d'artichaut atténuait sensiblement les symptômes associés à la dyspepsie, sans pour autant causer d'effets indésirables notables4. Une autre étude de pharmacovigilance ayant suivi des sujets durant six mois est arrivée aux mêmes conclusions5. Note. L'objectif principal d'une étude de pharmacovigilance est de répertorier les éventuels effets indésirables et non pas les effets thérapeutiques d'une substance. Les résultats thérapeutiques rapportés dans ces études ne constituent donc pas, à eux seuls, une preuve, mais plutôt un indice de l'efficacité de l'artichaut pour traiter la dyspepsie. Un essai sans placebo mené auprès de 454 sujets souffrant de dyspepsie6 et une étude à double insu avec placebo portant sur 244 patients7 ont confirmé l’effet bénéfique d’un extrait d’artichaut (640 mg par jour, en deux doses) contre la dyspepsie. Efficacité possible Hypercholestérolémie. Au cours d'un essai à double insu mené auprès de 143 sujets atteints d'hypercholestérolémie, les chercheurs ont constaté que l'extrait d'artichaut, amenait une baisse du taux de cholestérol nettement plus élevée que le placebo, soit 18,5 % et 8,5 % respectivement7. Cet effet avait aussi été observé au cours des études de pharmacovigilance mentionnées ci-dessus4,5 et au cours d'essais non contrôlés9. On dispose d'une base théorique assez solide pour l'expliquer, puisque certains composés de l'artichaut, la lutéoline par exemple, inhiberaient la synthèse du cholestérol4,10,11 ou préviendraient la production du mauvais cholestérol12. Cependant, les auteurs d'une synthèse publiée en 2002 estimaient que davantage d'essais cliniques à double insu étaient nécessaires pour démontrer l'efficacité de l'extrait d'artichaut pour faire baisser les taux de lipides sanguins13. Efficacité incertaine Syndrome de l’intestin irritable. Les résultats d'une étude de pharmacovigilance menée auprès de 279 sujets atteints du syndrome de l’intestin irritable ont permis de constater que 96 % d'entre eux considéraient que le traitement à l'artichaut était aussi efficace, voire plus, que les autres traitements qu'on leur avait administrés dans le passé dans le but de soulager les symptômes de leur maladie14. Dans une analyse subséquente de ces mêmes données, les chercheurs ont noté, chez 208 adultes souffrant du syndrome de l’intestin irritable, une diminution de 26 % de l’incidence de ce trouble, une réduction de 41 % des symptômes et une amélioration de 20 % de la qualité de vie15. Note. L'objectif principal d'une étude de pharmacovigilance est de répertorier les éventuels effets indésirables et non pas les effets thérapeutiques d'une substance. Les résultats thérapeutiques rapportés dans ces études ne constituent donc pas, à eux seuls, une preuve, mais plutôt un indice de l'efficacité de l'artichaut pour traiter le syndrome de l’intestin irritable. Usage traditionnel Traiter la gueule de bois. En herboristerie traditionnelle, l’artichaut est souvent recommandé pour traiter les effets de la surconsommation d’alcool, la fameuse « gueule de bois ». La plante est considérée comme un antiémétique, un antispasmodique et un carminatif. Jusqu’à maintenant, les recherches n’ont pas confirmé l’efficacité de l’artichaut pour cet usage16. En 2005, une revue systématique des données cliniques concluait qu’aucun traitement classique ni alternatif ne s’était révélé efficace pour prévenir ou traiter la « gueule de bois »17. Les auteurs suggèrent l’abstinence ou la modération! Précautions Attention • En cas de calculs biliaires, consulter un professionnel de la santé avant de prendre de l'artichaut. Contre-indications • L'extrait de feuilles d'artichaut est contre-indiqué en cas d'obstruction des voies biliaires parce que, dans ce cas, une stimulation de la production de bile pourrait provoquer de graves problèmes. • Les personnes allergiques aux plantes de la famille des composées (marguerites, asters, camomille, etc.) pourraient manifester des réactions à l’artichaut. Bienfaits L'apport énergétique de l'artichaut est modéré (40 kcal/100 g), il se situe au même niveau que celui de la carotte. Valeurs nutritionnelles pour 100 g Protides 2,1 g Glucides 7.6 g Lipides 0,1 g Calories 40 kcal Son apport minéral est très intéressant. L'artichaut est bien pourvu en potassium (385 mg/100 g) et en phosphore (95 mg/100 g). De même, sa teneur en calcium (47 mg/100 g) et en magnésium (31 mg/100 g) est plus élevée que dans la plupart des légumes. Tous ces minéraux étant souvent déficitaires et pourtant essentiels au bon fonctionnement de l'organisme. L'artichaut apporte également un large éventail de vitamines, en particulier des vitamines du groupe B et de la vitamine C, anti-oxydante et anti-fatigue (8 mg/100 g, soit 10 % du besoin quotidien). Sur le plan physiologique, il favorise les fonctions d’élimination urinaire et intestinale. Sa teneur élevée en potassium et inuline (glucide composé de fructose) le rend diurétique. Cependant, consommé en trop grande quantité, il peut provoquer des ballonements. Enfin, il s'agit d’un aliment alcalinisant qui, comme beaucoup de végétaux frais, permet de rééquilibrer les effets acidifiants d’une alimentation riche en aliments carnés. Dégustation Choisissez un artichaut lourd et ferme, avec des feuilles cassantes. Si le haut des feuilles est noir, cela veut dire qu'il est cueilli depuis longtemps. Les feuilles doivent aussi être bien serrées car, l'artichaut étant le bouton d'une fleur, des bractées ouvertes indiquent qu'il est trop mûr, donc dur et avec beaucoup de foin. Conservez l'artichaut cru frais quelques jours en plongeant sa tige dans l'eau comme un bouquet. Evitez de le conserver, même au frais, après cuisson car l'artichaut cuit s'oxyde rapidement, et peut donner naissance à des composés toxiques. L'artichaut entier ou le fond seul peuvent être stérilisés dans une saumure. Pour les petits, on utilise souvent un mélange d'eau, d'huile d'olive, de citron et d'herbes aromatiques. L'artichaut peut aussi se congeler. Dans ce cas, il faut le blanchir avant en mettant dans l'eau un peu de citron pour qu'il garde sa belle couleur verte. Consommez l'artichaut jeune et tendre en gratin, en garniture d'omelette ou en beignets. Le fond se sert surtout farci, en salade ou comme garniture de plat. Le gros artichaut est souvent cuit à l'eau (20 à 40 minutes suivant la grosseur) ou à la vapeur (une dizaine de minutes) et présenté entier, froid ou tiède, avec une sauce (beurre fondu, vinaigrette, béchamel…). Seul le petit violet se mange à la croque au sel. Enfin, les cœurs d'artichaut vendus en conserve sont formés par les feuilles du cœur de petits artichauts dont le haut est coupé et s'utilisent en garniture et en salade. Histoire Plante potagère vivace, dont la tête ("pomme") est formée d'un réceptacle ("fond") entouré de feuilles ("bractées"). L'artichaut a pour origine, comme le cardon, une plante épineuse de la région méditerranéenne. Grâce à la culture, il est devenu plus charnu et tendre. Le fond, une fois débarrassé de son foin, et la base des feuilles sont comestibles. Le cardon était recherché par les amateurs dès l'Antiquité, alors que l'artichaut n'a fait son entrée sur les tables italiennes qu'au 15ème siècle. Le mot artichaut est apparu au début du 16ème siècle, il est emprunté à l'italien du nord "articiocco", lui-même repris de l'arabe. D'abord employé comme remède, l'artichaut avait la réputation d'être aphrodisiaque et on l'interdisait souvent aux femmes. C'est cependant la reine d'origine italienne et épouse d'Henri II, Catherine de Médicis, qui encouragea sa culture dans notre pays. Ce n'est qu'en 1810 que fut créé et développé, par un agronome de la région parisienne, le gros Camus de Bretagne, devenu aujourd'hui l'artichaut le plus consommé en France, bien avant le Violet de Provence. On le cultive aujourd'hui dans l'Ouest (Bretagne), dans le Sud-Est et dans la région parisienne. Les deux principales variétés d'artichaut cueillies à l'automne et au printemps sont : - le camus de Bretagne : gros, rond et lourd, avec un fond important. Il représente près de 80% de la production nationale. - le violet de Provence (appelé aussi poivrade) qui peut se consommer cru quand il est jeune et petit (le foin est peu développé).