Carnaval Aujourd'hui, Carnaval n'est plus considéré que comme la célébration des masques... de n'importe quel masque ! Cette fête n'a plus, pour la majorité des individus, qu'un sens de plaisanteries, déguisements, nourritures... ne contenant plus la haute valeur symbolique de ce moment calendaire ouvrant l'année solaire avec son équinoxe de Printemps accompagné de toutes ses traditions. La mort de Monseigneur Hiver Le mois de Mars annonce la fin du froid et le renouveau solaire avec des conditions météorologiques de plus en plus clémentes. La vie reprend ses droits. La défaite des rigueurs hivernales se célébrait au Moyen-Age au travers de la dualité des éléments : froid-chaud, humidité-sécheresse, latence-action, mélancolie-joie, et surtout passé-futur ! La forme primitive de cette célébration était la condamnation d'une victime engoncée dans des fourrures et de la paille représentant l'hiver : après une parodie de chasse très bruyante, des personnages vêtus de fleurs, de feuilles et d'habits légers et vivement colorés lançaient branchettes, pétales et bourgeons naissants. A l'issue du procès, un mannequin de fourrages et de bois se substituait alors au captif pour être brûlé afin d'emporter avec lui dans le feu tous les maux vécus l'an passé. Substitutions symboliques Nous notons que notre Carnaval actuel est une lente dérive, de plus en plus dénuée de sens, de cette fête païenne et solaire ouvrant la nouvelle année cyclique. La course poursuite est remplacée par quelques processions de chars décorés et suivis par des hordes déguisées et masquées lançant, en remplacement des pétales et bourgeons, des confettis colorés. La liesse ignorante remplace la richesse des symboles anciens traditionnels. Les peurs interdites Les masques symbolisaient les vieilles divinités bénéfiques qui ressurgissaient pour se réincarner l'espace et le temps d'une fête. Dans son fond, le Carnaval a pour origine un sens nécessaire de parodie de subversion. C'est cet aspect qui le fera mettre à l'index par l'Eglise et l'Autorité en place car il sera considéré comme une prise de pouvoir, la contestation et surtout l'inversion de toutes les formes d'ordres établis : "On" se masquait pour donner libre cours à ses pulsions... "On" se masquait pour se laisser posséder par les anciennes divinités oubliées et interdites qui, en échange, cédaient un peu de leurs forces... "On" se masquait pour dénoncer l'autorité, sans danger d'arrestation, et ridiculiser ce qui en était l'extériorisation : administration, religion, justice... Terreur symboliques La terreur symbolique des masques était bien connue : - "Lunaires", ils sont les forces cycliques, liquides, cosmiques. - "Bêtes sauvages", ils sont l'instinct libéré, la vie primitive et absolue, la force sexuelle salvatrice de la race. - "Maures", ils sont le rappel des terreurs guerrières souvent aveugles et injustes. - "Végétaux", ils sont souvent un potiron offrant sa face rebondie et... ambiguë. C'est aussi le rappel de la végétation, des rameaux, du renouveau de la nature. - "Obscurs", ils sont la mort indispensable au cycle de la vie. Ils représentent aussi la peur des ténèbres et de leurs forces maléfiques. Les montrer était un peu comme les exorciser, les dompter, les maîtriser et en faire des alliés. L'espace d'un calendrier Le temps du Carnaval se déroule de l'Epiphanie au début du Carême. Le rite est alors alimentaire et lié au déroulement religieux. Les "Jours Gras" se retrouvent les dimanche, lundi, avec leur point culminant : "Mardi Gras". Puis arrive le mercredi des "Cendres" ouvrant le jeûne qui se prolongera jusqu'à la "Pâques". Observons que ce cycle est basé sur une durée de 4 semaines et donc de 28 jours. Il est de fait lunaire et résolument cyclique, sanguin et féminin. L'origine d'un mot "Carnaval" apparaît pour la première fois dans notre vocabulaire en 1578. On le trouve au XVème siècle sous le mot "Carneval". L'origine en serait "enlever la viande" et s'attacherait surtout au Mardi Gras, dernier jour où l'on pouvait encore manger de la viande. C'est cependant dans les langues nordiques que ce mot prend toutes ses valeurs véritables et symboliques. Les origines germaniques nous donnent : Carnaval se prononce "Fasching". Ce mot viendrait de "Fasten": jeûne, carême. "Fasten" dériverait de "Falsen": engendrer, reproduire... En allant plus loin, "Fasten" donne "Fastnacht": nuit de la fécondité. Cette dernière ne serait autre que l'éveil des mondes végétal et animal. Pour les Goths, ce moment était la première "retrouvaille" du soleil "montant" avec sa promise printanière. Alain de Benoist ajoute judicieusement que < la filière "Fasten-Fastnacht" ne serait qu'une dérivation ecclésiastique. On serait alors passé, l'Eglise aidant, de la fécondité (un "plus") au carême (un "moins"), par un processus "d'inversion de sens" très comparable à celui que nous avons déjà signalé consistant au cours de la fête à "brûler Carnaval" (le printemps) au lieu d'un mannequin assimilé à l'année ou aux maux passés (l'hiver). > Et le Zodiaque au rendez-vous... Le 21 mars, équinoxe de printemps, annonce le signe du Bélier, premier signe du cercle zodiacal. Il ouvre l'année solaire avec l'éveil de la nature... Le bélier est patronné par le maître du mois (ou de son "Moi") Mars : Dieu de la guerre et de la combativité. Bélier avec sa dominante de feu est lancé vers l'avenir avec son symbole de chef de horde à l'image cornue. Ne faut-il pas y comprendre l'ambivalence du Christ cornu de la chapelle souterraine de Chartres ? Petite galerie commémorative Ce mois de Carnaval contiendrait à lui seul une charge symbolique d'évènements remarquables dont nous pouvons retenir sommairement : - En Bulgarie, ce mois est le seul du genre féminin. - C'est en mars que "Pioner" emportait dans l'univers le message de la Terre à d'autres civilisations extra-terrestres. - Mars pour les Grecs est le moment où les morts visitent les vivants. - 11 mars 1314 : Les dignitaires de l'Ordre du Temple meurent sur leurs bûchersà Etait-ce pour eux le moment du 'retour promis par' l'Ultime Initiation du feu? - 18 mars : Sheelah, déesse de la fécondité, est célébrée ce jour. L'Eglise en fera la Mère ou l'Epouse de St Patrick, patron de l'Irlande. - Autour du 19 mars : retour des premières migrations d'oiseaux. - 20 mars : fête de la déesse Isis, gérante de la fécondité, du mariage, de l'agriculture, patronne des marins et des Morts. - 24 mars : Pâques Juive. Moïse conduit les Hébreux vers "le Passage". Cette fête dite PESSAH célèbre l'ange de Dieu qui détruisit les enfants égyptiens, épargnant ceux des Hébreux. - 24 mars 1989 : naissance d'Iris... fille fleur de l'Arc-en-Ciel. - 25 mars : célébration du culte à Cybèle. - 28 mars : Sainte Thérèse d'Avila naît ce jour-ci, en l'an 1515. Ste Thérèse d'Avila Pour conclure, notons encore que "Carnaval" donna naissance au mot : "Charivaris" qui était le vacarme fait pour éloigner les mauvais esprits et les inviter à fuir avec l'hiver... et aux tradition du "Boeuf-Gras", du "Roi-du-Vin", de la "Mère-Folle", et de "la Fête des Fous" sur lesquelles nous ne manquerons pas de revenir prochainement.